Welcome to my website that serves as my portfolio ! My name is Louis-Guilhem Placenti and I'm an architect that does photography, rendering and write.

Louis-Guilhem Placenti

Du droit de déambuler

Inès et Noémie m’ont toutes deux mentionnées le souhait de travailler sur le nomadisme. L’une comme une modalité d’habitat à accueillir dans le cas d’un projet de fin d’étude. L’autre comme une nécessité future dans le cadre d’un changement radical due aux migrations climatiques.
L’occasion de rappeler l’immense, par son importance culturelle (en tout cas pour moi) exposition du Mucem Barvalo.

                C’est donc avec la lecture du livre de Sarah Vanuxem que j’ai eu plaisir à entrevoir une historicité occidentale de ce mode de vie ; exploré notamment par l’existence des sanctions liés au vagabondage, surtout utilisé pour stabiliser une force de travail. Un point qui résonne avec le travail que mène Margot sur le Bumidom. Il est donc question, dans les deux cas, d’un déploiement de dispositif de contrôle des corps par l’État. Ces travaux contribuent donc à mes réflexions sur la biopolitique. Je n’ai pas eu l’occasion de lire ce concept dans le mémoire de Margot.
Il est certain que j’ai désormais du mal à me placer dans une contiguïté idéologique avec le tout écologique, et il est également certain que j’ai encore du mal à associer les problématiques écologiques avec les problématiques sociales qui me touchent plus (bien que d’aucun me ferait remarquer que l’écologie est de facto une problématique sociale). Mais, comme d’habitude, les savoirs les plus intéressants ne se cachent pas là où l’on a l’habitude de chercher. Sarah Vanuxem nous propose donc un bagage intellectuel légalement sourcé d’une épaisseur remarquable.
C’est ainsi que le parallèle entre animalité et migration apparaît dans un livre qui me semblait traiter de tout à fait autre chose (je l’ai appréhendé en pensant qu’il traiterait spécifiquement des servitudes).
Il faut, dans l’ordre de lecture, souligner l’excellente idée et réalisation d’une partie photo répondant et illustrant avec brio les entrelacs de la complexité légale et conceptuelle que Vanuxem nous propose de mener. Les photographies de Geoffroy Matthieu sont excellentes. Il réalise un travail qui m’est très proche, et j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à découvrir une richesse dans l’édition qui est très rare. Le groupement de travaux photographiques illustrant une véritable œuvre répond excellemment à la démarche textuelle de Vanuxem qui y répond.
J’avais trouvé très utile et sérieux le replacement des idées et conceptions de la propriété que Vanuxem proposait dans La propriété de la terre. Il s’agit, pour ma part, avec Le monde et sa propriété, d’un grand outillage pour mon outillage intellectuel, pourtant nourri de longue date de littérature anarchiste. C’est-à-dire qu’envisager le droit comme un ensemble de règles pour la plupart pérennes mais aussi extrêmement modelable par des concepts clés (ici la propriété). Je garde ainsi en mémoire l’espoir vain mais marquant de Klimrath essayant de ré-interpréter le code civil en y soulignant le concept de saisine ; outil légal pouvant selon lui lier ancien et nouveau régime juridique.

Quoiqu’il en soit, Vanuxem travaille à un glissement vers une prise en compte écologique de la terre, spécifiquement comme bien commun. Wildproject et Vanuxem célèbrent donc un troisième livre, clôturant ou mettant en relation beaucoup des travaux de l’autrice. Ce regroupement, associé au travail photographique donne au livre une dimension zinesque, ce qui répond à mes pérégrinations personnelles et amicales récentes. La diversité et la direction commune des textes que Vanuxem propose ouvrent donc à la réflexion par les espaces incomblés. L’autrice peut aussi se répéter, pour mon plus grand plaisir, spécifiquement entre son dialogue introductif et les différents chapitres. D’une autre part, la plume de l’autrice, sa technicité et sa précision en font une excellente professeure et chaque ligne demeure passionnante — bien qu’il faille s’accrocher pour les moins légaux d’entre nous. Vous l’aurez donc deviné, j’ai beaucoup aimé ce livre.
Je pensais, comme mentionné plus tôt, m’intéresser principalement au traitement du droit foncier, et être moins sensible aux thèmes écologiques. Le premier vrai chapitre, Les vagabons, entre humains, chiens et loups, m’a de suite happée. J’ai trouvé Le Pecq contre Bézuchet assez difficile à lire (je devrais probablement le relire), mais Rome contre Borghese est tout bonnement excellent.

Je recommande la lecture de ce livre à tou.s.tes, bien que j’aie deux principales réserves : d’une part, mes connaissances légales sont trop pauvres pour faire une lecture critique éclairée de ce livre. L’autre réserve s’articule autour de la légitimité du droit dans une perspective anarchiste et révolutionnaire, mais cet aspect mérite évidemment un travail approfondi sur la question.

Je vous adresse les parties et citations qui m’ont le plus marquées.

P 49 – Du droit universel à disposer d’un patrimoine ; sa remise en cause par la loi immigration ; allant contre le droit à entreprendre
La cité des choses , Nicoletta Rolla ; « le droit à la mobilité, historiquement conceptualisé comme la nécessité d’assister les migrants » et « la légitimité de migrer à la recherche d’un travail ».

P 77 – « Le délinquant [ici le vagabond], était un « bien social, objet d’un appropriation collective et utile » « Contraint de participer aux travaux publics, le vagabond en particulier, constituait un bien au service de la société, « une sorte de propriété rentable : un esclave mis au service de tous » ». Des citations qui font réfléchir au complexe carcéral états unien, mais de plus en plus en France également. Mais plus récemment, le retour du servage via RSA en est un exemple assez parlant ; surtout en période de crise …

P 90 – À propos des similarités entre peines animales et peines humaines : Patrick Llored, Le chat errant, animal domestique ou animal politique ? « Articles du code rural constituent « un concentré de toutes les normes biopolitiques » qui gouvernent la vie de cet animal, qui s’avère d’une « précarité radicale ».

P 94 – « À ce que soit respectée la summa divisio du sauvage et du domestique et éviter l’apparition d’animaux marrons ».

P 100 – «Vis-à-vis de la responsabilité de l’État d’indemniser les dégâts naturels dus aux dommages causés par l’’encadrement de la nature aux agriculteurs (exemples avec des oiseaux protégés).

P 103 – L’animal et la Mort de Charles Stépanoff « Comme en Mésopotamie, la gestion du fauve demeure une prérogative strictement régalienne »

P 106 – De la conception de Carl Schmitt de l’ordre social et de sa spatialisation

P 109 – Le nomos chez Félix et Gattari, l’espace lisse détérritorialisé et les valeurs du retour à la terre Nazi

P 122 – Observations de Descola à propos du travail d’Ivanoff à propos des Moken « À telle enseigne que l’on peut affirmer que « le domaine des Mokenn’existe pas » en conclure que les membres de ce collectif « sont a-territoriaux » »

P 124 – Marx et La loi sur les vols de bois

P 125 – Relatif au foncier ; Arnaud-Dominique Houte Propriété défendue

P 127 – « En d’autres termes, il s’agirait de redonner sa force au droit de déambuler via une redéfinition de la propriété dans les termes révolutionnaire d’un droit à l’existence ou à la subsistance, qui emporterait une liberté fondamentale, des entités terrestres d’accéder aux terres, d’y passer et de glaner »

P 132 – E.P. Thomson Les usages de la coutume ; K. Solnit L’art de marcher

P 149 – Loi du 2 février 2023 ET La fin d’un commun (la Villa Borghese) au profit d’un bien public à la suite d’une opposition juridique avec le privé

 P 158 – De la possibilité de l’urbs comme fond dominant pour justifier une absence de servitude

P 160-161 – Lorenzo Meucci, Traité de droit administratif : « Qui est le véritable sujet de la propriété publique ? Est-ce l’État ? S’agit-il du peuple ou de la collectivité ? Ou sont-ce les individus ? »

P 162 – « Et si le législateur français rappelait aux grands propriétaires d’aujourd’hui quel orgueil ces princes italiens ouvraient jadis leurs demeures à tout venant ? » La question de la publicité du patrimoine et de la propriété comme devoir plutôt que droit …

Inès et Noémie m’ont toutes deux mentionnées le souhait de travailler sur le nomadisme. L’une comme une modalité d’habitat à accueillir dans le cas d’un projet de fin d’étude. L’autre comme une nécessité future dans le cadre d’un changement radical due aux migrations climatiques.
L’occasion de rappeler l’immense, par son importance culturelle (en tout cas pour moi) exposition du Mucem Barvalo.

                C’est donc avec la lecture du livre de Sarah Vanuxem que j’ai eu plaisir à entrevoir une historicité occidentale de ce mode de vie ; exploré notamment par l’existence des sanctions liés au vagabondage, surtout utilisé pour stabiliser une force de travail. Un point qui résonne avec le travail que mène Margot sur le Bumidom. Il est donc question, dans les deux cas, d’un déploiement de dispositif de contrôle des corps par l’État. Ces travaux contribuent donc à mes réflexions sur la biopolitique. Je n’ai pas eu l’occasion de lire ce concept dans le mémoire de Margot.
Il est certain que j’ai désormais du mal à me placer dans une contiguïté idéologique avec le tout écologique, et il est également certain que j’ai encore du mal à associer les problématiques écologiques avec les problématiques sociales qui me touchent plus (bien que d’aucun me ferait remarquer que l’écologie est de facto une problématique sociale). Mais, comme d’habitude, les savoirs les plus intéressants ne se cachent pas là où l’on a l’habitude de chercher. Sarah Vanuxem nous propose donc un bagage intellectuel légalement sourcé d’une épaisseur remarquable.
C’est ainsi que le parallèle entre animalité et migration apparaît dans un livre qui me semblait traiter de tout à fait autre chose (je l’ai appréhendé en pensant qu’il traiterait spécifiquement des servitudes).
Il faut, dans l’ordre de lecture, souligner l’excellente idée et réalisation d’une partie photo répondant et illustrant avec brio les entrelacs de la complexité légale et conceptuelle que Vanuxem nous propose de mener. Les photographies de Geoffroy Matthieu sont excellentes. Il réalise un travail qui m’est très proche, et j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à découvrir une richesse dans l’édition qui est très rare. Le groupement de travaux photographiques illustrant une véritable œuvre répond excellemment à la démarche textuelle de Vanuxem qui y répond.
J’avais trouvé très utile et sérieux le replacement des idées et conceptions de la propriété que Vanuxem proposait dans La propriété de la terre. Il s’agit, pour ma part, avec Le monde et sa propriété, d’un grand outillage pour mon outillage intellectuel, pourtant nourri de longue date de littérature anarchiste. C’est-à-dire qu’envisager le droit comme un ensemble de règles pour la plupart pérennes mais aussi extrêmement modelable par des concepts clés (ici la propriété). Je garde ainsi en mémoire l’espoir vain mais marquant de Klimrath essayant de ré-interpréter le code civil en y soulignant le concept de saisine ; outil légal pouvant selon lui lier ancien et nouveau régime juridique.

Quoiqu’il en soit, Vanuxem travaille à un glissement vers une prise en compte écologique de la terre, spécifiquement comme bien commun. Wildproject et Vanuxem célèbrent donc un troisième livre, clôturant ou mettant en relation beaucoup des travaux de l’autrice. Ce regroupement, associé au travail photographique donne au livre une dimension zinesque, ce qui répond à mes pérégrinations personnelles et amicales récentes. La diversité et la direction commune des textes que Vanuxem propose ouvrent donc à la réflexion par les espaces incomblés. L’autrice peut aussi se répéter, pour mon plus grand plaisir, spécifiquement entre son dialogue introductif et les différents chapitres. D’une autre part, la plume de l’autrice, sa technicité et sa précision en font une excellente professeure et chaque ligne demeure passionnante — bien qu’il faille s’accrocher pour les moins légaux d’entre nous. Vous l’aurez donc deviné, j’ai beaucoup aimé ce livre.
Je pensais, comme mentionné plus tôt, m’intéresser principalement au traitement du droit foncier, et être moins sensible aux thèmes écologiques. Le premier vrai chapitre, Les vagabons, entre humains, chiens et loups, m’a de suite happée. J’ai trouvé Le Pecq contre Bézuchet assez difficile à lire (je devrais probablement le relire), mais Rome contre Borghese est tout bonnement excellent.

Je recommande la lecture de ce livre à tou.s.tes, bien que j’aie deux principales réserves : d’une part, mes connaissances légales sont trop pauvres pour faire une lecture critique éclairée de ce livre. L’autre réserve s’articule autour de la légitimité du droit dans une perspective anarchiste et révolutionnaire, mais cet aspect mérite évidemment un travail approfondi sur la question.

Je vous adresse les parties et citations qui m’ont le plus marquées.

P 49 – Du droit universel à disposer d’un patrimoine ; sa remise en cause par la loi immigration ; allant contre le droit à entreprendre
La cité des choses , Nicoletta Rolla ; « le droit à la mobilité, historiquement conceptualisé comme la nécessité d’assister les migrants » et « la légitimité de migrer à la recherche d’un travail ».

P 77 – « Le délinquant [ici le vagabond], était un « bien social, objet d’un appropriation collective et utile » « Contraint de participer aux travaux publics, le vagabond en particulier, constituait un bien au service de la société, « une sorte de propriété rentable : un esclave mis au service de tous » ». Des citations qui font réfléchir au complexe carcéral états unien, mais de plus en plus en France également. Mais plus récemment, le retour du servage via RSA en est un exemple assez parlant ; surtout en période de crise …

P 90 – À propos des similarités entre peines animales et peines humaines : Patrick Llored, Le chat errant, animal domestique ou animal politique ? « Articles du code rural constituent « un concentré de toutes les normes biopolitiques » qui gouvernent la vie de cet animal, qui s’avère d’une « précarité radicale ».

P 94 – « À ce que soit respectée la summa divisio du sauvage et du domestique et éviter l’apparition d’animaux marrons ».

P 100 – «Vis-à-vis de la responsabilité de l’État d’indemniser les dégâts naturels dus aux dommages causés par l’’encadrement de la nature aux agriculteurs (exemples avec des oiseaux protégés).

P 103 – L’animal et la Mort de Charles Stépanoff « Comme en Mésopotamie, la gestion du fauve demeure une prérogative strictement régalienne »

P 106 – De la conception de Carl Schmitt de l’ordre social et de sa spatialisation

P 109 – Le nomos chez Félix et Gattari, l’espace lisse détérritorialisé et les valeurs du retour à la terre Nazi

P 122 – Observations de Descola à propos du travail d’Ivanoff à propos des Moken « À telle enseigne que l’on peut affirmer que « le domaine des Mokenn’existe pas » en conclure que les membres de ce collectif « sont a-territoriaux » »

P 124 – Marx et La loi sur les vols de bois

P 125 – Relatif au foncier ; Arnaud-Dominique Houte Propriété défendue

P 127 – « En d’autres termes, il s’agirait de redonner sa force au droit de déambuler via une redéfinition de la propriété dans les termes révolutionnaire d’un droit à l’existence ou à la subsistance, qui emporterait une liberté fondamentale, des entités terrestres d’accéder aux terres, d’y passer et de glaner »

P 132 – E.P. Thomson Les usages de la coutume ; K. Solnit L’art de marcher

P 149 – Loi du 2 février 2023 ET La fin d’un commun (la Villa Borghese) au profit d’un bien public à la suite d’une opposition juridique avec le privé

 P 158 – De la possibilité de l’urbs comme fond dominant pour justifier une absence de servitude

P 160-161 – Lorenzo Meucci, Traité de droit administratif : « Qui est le véritable sujet de la propriété publique ? Est-ce l’État ? S’agit-il du peuple ou de la collectivité ? Ou sont-ce les individus ? »

P 162 – « Et si le législateur français rappelait aux grands propriétaires d’aujourd’hui quel orgueil ces princes italiens ouvraient jadis leurs demeures à tout venant ? » La question de la publicité du patrimoine et de la propriété comme devoir plutôt que droit …