Welcome to my website that serves as my portfolio ! My name is Louis-Guilhem Placenti and I'm an architect that does photography, rendering and write.

Louis-Guilhem Placenti

S’appliquer à l’agronomie. Il y eut à de nombreux moments des périodes historiques où il était une activité tout à fait banale. Mais ce qui fait la spécificité de cette occupation, c’est que celui qui la mène ne le fera pas d’habitude ou, en tout cas, le fait avec science. Il fut un temps où la bêche était une révolution, un attelage impensable. Il y avait une ère où l’irrigation n’existait qu’en théorie. Des percées technologiques incroyables furent réalisées en production d’engrais chimiques, nécessitant alors une chaîne de production mondialisée et énorme. Il y eut bientôt des immenses machines destinées parfois à des usages extrêmement réduits, avec une efficacité proportionnellement titanesque. Des immensités de champs d’une seule variété de plantes n’étaient exploitables que par des engins volants qui larguaient des pesticides garantissant des taux de rendements ubuesques, bien que cela ait quelques contreparties …

Tourelle dans une zone industrielle en Belgique

Serres dans les Haut de France

Une femme, ayant comprit qu’un changement de méthode était alors nécéssaire, a décidé de se nourrir de pratiques désuettes, piochées dans de nombreuses cultures tout autour du monde. Au fil des territoires qu’elle explora, elle tomba sur un endroit particulier. Ancien haut lieu agricole, épicentre commercial regroupant érudits et paysans, mais maintenant vierge depuis plusieurs siècles de toute culture, riches en abris, elle conclut que c’était le lieu propice où s’installer. Bien qu’entourée de champs monoculturels intensifs, qu’elle considérait comme une attaque personnelle, elle décida que la qualité d’avant poste du creux de vallée était primordial.

Seule et aidée par les typologies indigènes, elle construisit moultes parterres et conduisit ses expériences toute sa vie. Elle dormait dans une tour, mais n’y passait presque aucun temps, considérant qu’elle n’avait pas d’une vie pour regarder les plantes pousser. Elle fit toutes les expériences déjà menées par d’autres avant elle, testa les croyances non éprouvées, fit les manipulations les moins orthodoxes, tourna et retourna toutes les matières organiques.
Elle construisit un ensemble de serres gigantesque, pour ne pas avoir de limites à sa collection et son travail. Elle faisait commerce avec tous ceux qui passaient par là. Chaque ombre du domaine était utilisée, les caves étaient mobilisés pour la myciculture, les lampes UV étaient synonymes de tous les intérieurs. A à peine 6 mois d’intervalle, un domaine sauvage s’était vu domestiquer, puis son ardeur naturelle fut soigneusement manipulée.

Évidemment, un haut lieu de la recherche agronomique tel que celui-ci ne pouvait pas passer inaperçu mais, s’étant assuré de la légalité de l’entreprise, elle ne recevait que les locaux, paysans. Au fil des années, les locaux le devinrent de moins en moins et comme tout autour d’une bouse, les fleurs se mettèrent à pousser autour, sur tous les continents.

Je n’aimais pas le soleil et les grands espaces ouverts. Né dans des anciens bois de chasses, j’étais habitué aux chemins ombragés, aux ruisseaux et à la fraîcheur ; le paradis familial, en somme. Mais de temps en temps, mes propriétaires, espérant récupérer leur noble acquisition, m’emmenaient dans un ovale vaste et vide, où au centre des camarades s’occupaient à sauter des haies. Un homme habillé étrangement m’harnachait et me montait. Une dizaine d’autres de mes congénères couraient le long des rangées de sièges remplis des gens. Les ombres contrastées, les cavaliers esseulés et violents, les cris et le grondement du haut-parleur ne me plaisaient pas, et bien que j’ai fait de son mieux, je n’ai jamais gagné une seule course. Ca n’affectait pas vraiment mes propriétaires, qui repartaient heureux.

L’ancien sanatorium au Coq en Belgique

Hippodrome de Cagnes-sur-Mer

Le temps passait et mes hôtes continuaient d’essayer comme par inertie. C’est ainsi qu’après une nouvelle défaite, à la fin des années de cheval de course, déjà enfermé dans la remorque à chevaux, j’entendit à l’extérieur une conversation brève et soulageante : si vous avez vraiment besoin de ce canasson malchanceux, je m’en séparerai volontiers.

Mon nouveau propriétaire s’avéra être un gardien. Il m’avait vu tressaillir chaque fois qu’il me promenait au soleil. Il connaissait ce sentiment et l’avait éprouvé lui-même, ayant passé sa vie dans sa cabine dont un grand arbre bloquait la fenêtre par tous les temps. Nous étions très actifs, mais avec douceur, calme, et sans se presser : il fallait bien ça à mon grand âge. Nous vivions prêt d’un immense mur, et j’eus bien l’impression que nous étions les seuls qui s’activaient dans la communauté dans laquelle nous nous trouvions. Les autres humains étaient emmitouflés de longues robes, certains étant visiblement encore plus sensibles au soleil que moi restaient la plupart du temps en intérieur, d’autres s’activaient un peu plus.

Mon maître était le seul qui pouvait aller partout, et bien qu’on ne lui prêtait que rarement l’attention qu’il méritait, c’était avec un sentiment de fierté que je paradais à ses côtés, je me sentais jeune à nouveau, et je crois que ça a participé à ma longévité. Parfois, nous sortions, toujours discrètement, sûrement par fierté, pour mener quelques courses, soutenir la communauté … La joie de redécouvrir la liberté, l’immensité du paysage et les forêts infinies, était partagée par mon cavalier, et nous courions, pas trop longtemps, mais assez pour rire aux éclats.

S’appliquer à l’agronomie. Il y eut à de nombreux moments des périodes historiques où il était une activité tout à fait banale. Mais ce qui fait la spécificité de cette occupation, c’est que celui qui la mène ne le fera pas d’habitude ou, en tout cas, le fait avec science. Il fut un temps où la bêche était une révolution, un attelage impensable. Il y avait une ère où l’irrigation n’existait qu’en théorie. Des percées technologiques incroyables furent réalisées en production d’engrais chimiques, nécessitant alors une chaîne de production mondialisée et énorme. Il y eut bientôt des immenses machines destinées parfois à des usages extrêmement réduits, avec une efficacité proportionnellement titanesque. Des immensités de champs d’une seule variété de plantes n’étaient exploitables que par des engins volants qui larguaient des pesticides garantissant des taux de rendements ubuesques, bien que cela ait quelques contreparties …

Tourelle dans une zone industrielle en Belgique

Serres dans les Haut de France

Une femme, ayant comprit qu’un changement de méthode était alors nécéssaire, a décidé de se nourrir de pratiques désuettes, piochées dans de nombreuses cultures tout autour du monde. Au fil des territoires qu’elle explora, elle tomba sur un endroit particulier. Ancien haut lieu agricole, épicentre commercial regroupant érudits et paysans, mais maintenant vierge depuis plusieurs siècles de toute culture, riches en abris, elle conclut que c’était le lieu propice où s’installer. Bien qu’entourée de champs monoculturels intensifs, qu’elle considérait comme une attaque personnelle, elle décida que la qualité d’avant poste du creux de vallée était primordial.

Seule et aidée par les typologies indigènes, elle construisit moultes parterres et conduisit ses expériences toute sa vie. Elle dormait dans une tour, mais n’y passait presque aucun temps, considérant qu’elle n’avait pas d’une vie pour regarder les plantes pousser. Elle fit toutes les expériences déjà menées par d’autres avant elle, testa les croyances non éprouvées, fit les manipulations les moins orthodoxes, tourna et retourna toutes les matières organiques.
Elle construisit un ensemble de serres gigantesque, pour ne pas avoir de limites à sa collection et son travail. Elle faisait commerce avec tous ceux qui passaient par là. Chaque ombre du domaine était utilisée, les caves étaient mobilisés pour la myciculture, les lampes UV étaient synonymes de tous les intérieurs. A à peine 6 mois d’intervalle, un domaine sauvage s’était vu domestiquer, puis son ardeur naturelle fut soigneusement manipulée.

Évidemment, un haut lieu de la recherche agronomique tel que celui-ci ne pouvait pas passer inaperçu mais, s’étant assuré de la légalité de l’entreprise, elle ne recevait que les locaux, paysans. Au fil des années, les locaux le devinrent de moins en moins et comme tout autour d’une bouse, les fleurs se mettèrent à pousser autour, sur tous les continents.

Je n’aimais pas le soleil et les grands espaces ouverts. Né dans des anciens bois de chasses, j’étais habitué aux chemins ombragés, aux ruisseaux et à la fraîcheur ; le paradis familial, en somme. Mais de temps en temps, mes propriétaires, espérant récupérer leur noble acquisition, m’emmenaient dans un ovale vaste et vide, où au centre des camarades s’occupaient à sauter des haies. Un homme habillé étrangement m’harnachait et me montait. Une dizaine d’autres de mes congénères couraient le long des rangées de sièges remplis des gens. Les ombres contrastées, les cavaliers esseulés et violents, les cris et le grondement du haut-parleur ne me plaisaient pas, et bien que j’ai fait de son mieux, je n’ai jamais gagné une seule course. Ca n’affectait pas vraiment mes propriétaires, qui repartaient heureux.

L’ancien sanatorium au Coq en Belgique

Hippodrome de Cagnes-sur-Mer

Le temps passait et mes hôtes continuaient d’essayer comme par inertie. C’est ainsi qu’après une nouvelle défaite, à la fin des années de cheval de course, déjà enfermé dans la remorque à chevaux, j’entendit à l’extérieur une conversation brève et soulageante : si vous avez vraiment besoin de ce canasson malchanceux, je m’en séparerai volontiers.

Mon nouveau propriétaire s’avéra être un gardien. Il m’avait vu tressaillir chaque fois qu’il me promenait au soleil. Il connaissait ce sentiment et l’avait éprouvé lui-même, ayant passé sa vie dans sa cabine dont un grand arbre bloquait la fenêtre par tous les temps. Nous étions très actifs, mais avec douceur, calme, et sans se presser : il fallait bien ça à mon grand âge. Nous vivions prêt d’un immense mur, et j’eus bien l’impression que nous étions les seuls qui s’activaient dans la communauté dans laquelle nous nous trouvions. Les autres humains étaient emmitouflés de longues robes, certains étant visiblement encore plus sensibles au soleil que moi restaient la plupart du temps en intérieur, d’autres s’activaient un peu plus.

Mon maître était le seul qui pouvait aller partout, et bien qu’on ne lui prêtait que rarement l’attention qu’il méritait, c’était avec un sentiment de fierté que je paradais à ses côtés, je me sentais jeune à nouveau, et je crois que ça a participé à ma longévité. Parfois, nous sortions, toujours discrètement, sûrement par fierté, pour mener quelques courses, soutenir la communauté … La joie de redécouvrir la liberté, l’immensité du paysage et les forêts infinies, était partagée par mon cavalier, et nous courions, pas trop longtemps, mais assez pour rire aux éclats.