Welcome to my website that serves as my portfolio ! My name is Louis-Guilhem Placenti and I'm an architect that does photography, rendering and write.

Louis-Guilhem Placenti

Les confins du monde changent de personne à personne, d’époque à époque, de groupe à classe sociale. Pour une personne, il peut être impensable de rester toute sa vie à un endroit, de n’avoir comme limite du monde que 20 lieu à la ronde. Pour d’autres, il paraît inimaginable de ne pas connaître sur le bout des doigts tous les recoins de l’environnement que l’on connaît, bien qu’il y ait toujours quelques recoins qui changent ne serait-ce que subrepticement.

Dunkerque

Phare de Punta Sottile sur l’île sicilienne de Favignana

Il ne détestait pas la seule vie qu’il ait connu, n’en était pas mécontent non plus, mais venu le temps de la copie, il ne pouvait s’en empêcher, il était rempli de désir. Impossible alors de se séparer des contes, des visions, de l’imagination que provoquait le don du récit qu’il était tenu de lire, malgré lui.

Pourtant il se peut que l’on appartienne à aucune des deux catégories susnommées. Il fut une personne qui vivait dans un privilège certain pour l’époque. Avec un emploi du temps d’une rigidité terrible, mais une sécurité remarquable. Il s’était retrouvé là jeune, persuadé de le vouloir, interdit à la parole pendant une majeure partie de son temps. Quand il le pouvait, il était impensable de ne parler d’autre chose que de la raison de son séjour, l’adoration sans limite, remplie de sacrifices, solitaire, d’un être divin, qui écrasait alors l’entièreté du monde connu.

Ce jour il se réveilla dans sa chambre, la tête tellement pleine des miracles que son crane bouillait et crépitait. Avec la migraine déchirante, il prit la pelle pour libérer les images qui priaient la réalité. Quand au fils des années il senti sa fin s’approcher, il creusat un petit lac, demanda à son apprenti de lui préparer son dîner préféré et monta le mirador en face avec un seau de peinture blanche. Quand il finit de peindre toutes les fenêtres qui le distraient de la vue de l’eau, le dîner était prêt et monté au mirador par un petit ascenseur. Il s’installa devant la table, la migraine oubliée, pour profiter des réflexions du coucher du soleil dans sa petite mer à lui.

Alors qu’il arpentait les rues, allées, recoins, cellules, salles, cours, il ne pouvait s’empêcher de penser. Il s’imaginait routes par les sillons, murs par des murets, murailles par les murs, brèches par les fissures, tigres par les chats, forêts par les bosquets, scorpions par les fourmis, pythons par les couleuvres, monolithes par les pierres, phares par les tourelles, voiles par les linges, aqueducs par les ruisseaux, champs de batailles par le cimetière, cathédrales par la basilique, ornements par les défauts, villes par la proximité de deux cabanes, carpaccio par le gruau, plage par une berge, nobles par les silhouettes lointaines, humour par une fugace satisfaction, sexe par un frôlement, intimité par un regard, égouts par des tuyaux, suite par une chambre, chambre par une cellule, jeux par un trébuchement, vague par une vaguelette, lac par un verre d’eau, étendue infinie par étendue finie, trébuchet par une roue à eau, troupeau par une bête, bête par un homme détestable.

Ancienne base de la RAF en Ecosse

Camp de Moronvilliers, dans le Grand Est

Dépôt de munition de Brienne-Le-Château

Base 126 Ventiseri-Solenzara en Corse

Après des décennies de luttes, certains n’en pouvaient plus. L’issue du conflit n’était plus visible. Les enfants avaient grandi et remplaçaient les parents, tués. Commençant par un murmure, ils cherchaient d’autres désespérés. En lançant des perches, suggérant la fatigue, posant des questions. Au fur et à mesure des feux de camp, des bivouacs, des attentes longues dans des trous d’obus, l’interrogation s’était transformée en impatience, partagée.

Alors, arriva la mort, emportant le camarade de trop, qui avait le premier laissé deviner. Victime anonyme avec laquelle on n’avait pu entrevoir autre réalité. Pour tous, ce soir- là, ayant connu, vu, ou imaginé cette victime, ce fut limpide. La lune s’était défaite de la robe rouge qui si souvent l’accompagnait, pour revêtir un pagne blanc, doux calme et crémeux. Tous les résignés se levèrent comme muni d’un seul esprit, dans des régions entières, abandonnant les belliqueux.

A la recherche du rêve ils se trouvèrent dans un creux de vallée, là où les attendaient une abbaye, un abri. Alors, sachant que l’ennemi de demain comme l’allié de la veille chercheraient à les enlever à leur songe, ils s’attelèrent à des tâches bien trop familières; construire une muraille, creuser des douves, des tranchées des abris. Un sandwich de murs de fortification, des tours de guets, des caves où stocker, des lieux où parler, des salles où rester silencieux, un réfectoire où manger, des cellules où dormir. Enfin, le dernier des déserteurs arriva et prit une bêche. Ils étaient prêts à décrépir.

Il est un endroit sur Terre qui n’existait pas il y a peu. Il est un rêve pour une majorité, et ne provoque l’indifférence que parmi les primitifs les plus aguerris. Si l’on ne vit pas de cueillette, de bois morts, d’agriculture sommaire, et en s’épaulant sur une communauté plus que réduite, alors il est un paradis. Entouré par les plus sauvages, il est un lieu auquel tous les businessmen rêvent d’accéder, où plutôt où lequel déléguer.

Champ d’éolienne en Ecosse

Terminal de gaz naturelle d’Esington dans le Yorkshire

Terril d’Hénin-Beaumont

Barrage du lac de la Girotte dans les Alpes françaises

Ceux en costumes y voient des courbes vertes ascendantes, ceux en tee shirt l’aperçoivent lorsqu’ils sont pris d’angoisse d’un monde qui brûle. Les plus isolés d’entre nous l’imagine lorsqu’ils sont effarés devant des bouts de papier ou devant la pompe à essence. Les politiques d’un bord se figurent qu’il n’y a bel et bien rien à changer, ceux de l’autre qu’un autre monde est bel et bien possible.

Mais il n’y a que les amateurs de 4×4, de motos bruyantes et sales, fans de Dakar chevauchant animaux mécaniques en aluminium et acier, remplis de cuivre qui se conduisent jusqu’à ce lieu. Ils seront surpris de voir, en salivant devant une cuve de diesel que des randonneurs invétérés, chaussés de plastique habilement manufacturé, bien équipé pour faire le tour de la Terre entière se trouvent là muni d’équipement énergivore, les éclairant d’une lumière bleue alors qu’ils parlent au centre du monde depuis sa bordure. Eux seront branchés aux éoliennes dépassant la vallée.

Des hommes vêtus de treillis les surveillent, au loin, tout en s’assurant du bon fonctionnement d’un barrage, certains s’assoupissant bercés par le bruit de turbines de 20 fois leur taille et du fracas de l’eau. Les primitifs eux, juchés sur les cimes des arbres surplombant la vallée, regardent cette étrange réunion de costumés différents, mais ne peuvent qu’apercevoir des ruines d’un âge lointain, murs moisis et fissurés, toitures écroulées, végétation rampantes et jaillissante. Ils mesurent les ruines machiniques, contenues dans l’ancien, de l’ère qui vient de s’achever et s’amusent des fantômes errant sans but dans un lieu abandonné.

Les confins du monde changent de personne à personne, d’époque à époque, de groupe à classe sociale. Pour une personne, il peut être impensable de rester toute sa vie à un endroit, de n’avoir comme limite du monde que 20 lieu à la ronde. Pour d’autres, il paraît inimaginable de ne pas connaître sur le bout des doigts tous les recoins de l’environnement que l’on connaît, bien qu’il y ait toujours quelques recoins qui changent ne serait-ce que subrepticement.

Dunkerque

Phare de Punta Sottile sur l’île sicilienne de Favignana

Il ne détestait pas la seule vie qu’il ait connu, n’en était pas mécontent non plus, mais venu le temps de la copie, il ne pouvait s’en empêcher, il était rempli de désir. Impossible alors de se séparer des contes, des visions, de l’imagination que provoquait le don du récit qu’il était tenu de lire, malgré lui.

Pourtant il se peut que l’on appartienne à aucune des deux catégories susnommées. Il fut une personne qui vivait dans un privilège certain pour l’époque. Avec un emploi du temps d’une rigidité terrible, mais une sécurité remarquable. Il s’était retrouvé là jeune, persuadé de le vouloir, interdit à la parole pendant une majeure partie de son temps. Quand il le pouvait, il était impensable de ne parler d’autre chose que de la raison de son séjour, l’adoration sans limite, remplie de sacrifices, solitaire, d’un être divin, qui écrasait alors l’entièreté du monde connu.

Ce jour il se réveilla dans sa chambre, la tête tellement pleine des miracles que son crane bouillait et crépitait. Avec la migraine déchirante, il prit la pelle pour libérer les images qui priaient la réalité. Quand au fils des années il senti sa fin s’approcher, il creusat un petit lac, demanda à son apprenti de lui préparer son dîner préféré et monta le mirador en face avec un seau de peinture blanche. Quand il finit de peindre toutes les fenêtres qui le distraient de la vue de l’eau, le dîner était prêt et monté au mirador par un petit ascenseur. Il s’installa devant la table, la migraine oubliée, pour profiter des réflexions du coucher du soleil dans sa petite mer à lui.

Alors qu’il arpentait les rues, allées, recoins, cellules, salles, cours, il ne pouvait s’empêcher de penser. Il s’imaginait routes par les sillons, murs par des murets, murailles par les murs, brèches par les fissures, tigres par les chats, forêts par les bosquets, scorpions par les fourmis, pythons par les couleuvres, monolithes par les pierres, phares par les tourelles, voiles par les linges, aqueducs par les ruisseaux, champs de batailles par le cimetière, cathédrales par la basilique, ornements par les défauts, villes par la proximité de deux cabanes, carpaccio par le gruau, plage par une berge, nobles par les silhouettes lointaines, humour par une fugace satisfaction, sexe par un frôlement, intimité par un regard, égouts par des tuyaux, suite par une chambre, chambre par une cellule, jeux par un trébuchement, vague par une vaguelette, lac par un verre d’eau, étendue infinie par étendue finie, trébuchet par une roue à eau, troupeau par une bête, bête par un homme détestable.

Ancienne base de la RAF en Ecosse

Camp de Moronvilliers, dans le Grand Est

Dépôt de munition de Brienne-Le-Château

Base 126 Ventiseri-Solenzara en Corse

Après des décennies de luttes, certains n’en pouvaient plus. L’issue du conflit n’était plus visible. Les enfants avaient grandi et remplaçaient les parents, tués. Commençant par un murmure, ils cherchaient d’autres désespérés. En lançant des perches, suggérant la fatigue, posant des questions. Au fur et à mesure des feux de camp, des bivouacs, des attentes longues dans des trous d’obus, l’interrogation s’était transformée en impatience, partagée.

Alors, arriva la mort, emportant le camarade de trop, qui avait le premier laissé deviner. Victime anonyme avec laquelle on n’avait pu entrevoir autre réalité. Pour tous, ce soir- là, ayant connu, vu, ou imaginé cette victime, ce fut limpide. La lune s’était défaite de la robe rouge qui si souvent l’accompagnait, pour revêtir un pagne blanc, doux calme et crémeux. Tous les résignés se levèrent comme muni d’un seul esprit, dans des régions entières, abandonnant les belliqueux.

A la recherche du rêve ils se trouvèrent dans un creux de vallée, là où les attendaient une abbaye, un abri. Alors, sachant que l’ennemi de demain comme l’allié de la veille chercheraient à les enlever à leur songe, ils s’attelèrent à des tâches bien trop familières; construire une muraille, creuser des douves, des tranchées des abris. Un sandwich de murs de fortification, des tours de guets, des caves où stocker, des lieux où parler, des salles où rester silencieux, un réfectoire où manger, des cellules où dormir. Enfin, le dernier des déserteurs arriva et prit une bêche. Ils étaient prêts à décrépir.

Il est un endroit sur Terre qui n’existait pas il y a peu. Il est un rêve pour une majorité, et ne provoque l’indifférence que parmi les primitifs les plus aguerris. Si l’on ne vit pas de cueillette, de bois morts, d’agriculture sommaire, et en s’épaulant sur une communauté plus que réduite, alors il est un paradis. Entouré par les plus sauvages, il est un lieu auquel tous les businessmen rêvent d’accéder, où plutôt où lequel déléguer.

Champ d’éolienne en Ecosse

Terminal de gaz naturelle d’Esington dans le Yorkshire

Terril d’Hénin-Beaumont

Barrage du lac de la Girotte dans les Alpes françaises

Ceux en costumes y voient des courbes vertes ascendantes, ceux en tee shirt l’aperçoivent lorsqu’ils sont pris d’angoisse d’un monde qui brûle. Les plus isolés d’entre nous l’imagine lorsqu’ils sont effarés devant des bouts de papier ou devant la pompe à essence. Les politiques d’un bord se figurent qu’il n’y a bel et bien rien à changer, ceux de l’autre qu’un autre monde est bel et bien possible.

Mais il n’y a que les amateurs de 4×4, de motos bruyantes et sales, fans de Dakar chevauchant animaux mécaniques en aluminium et acier, remplis de cuivre qui se conduisent jusqu’à ce lieu. Ils seront surpris de voir, en salivant devant une cuve de diesel que des randonneurs invétérés, chaussés de plastique habilement manufacturé, bien équipé pour faire le tour de la Terre entière se trouvent là muni d’équipement énergivore, les éclairant d’une lumière bleue alors qu’ils parlent au centre du monde depuis sa bordure. Eux seront branchés aux éoliennes dépassant la vallée.

Des hommes vêtus de treillis les surveillent, au loin, tout en s’assurant du bon fonctionnement d’un barrage, certains s’assoupissant bercés par le bruit de turbines de 20 fois leur taille et du fracas de l’eau. Les primitifs eux, juchés sur les cimes des arbres surplombant la vallée, regardent cette étrange réunion de costumés différents, mais ne peuvent qu’apercevoir des ruines d’un âge lointain, murs moisis et fissurés, toitures écroulées, végétation rampantes et jaillissante. Ils mesurent les ruines machiniques, contenues dans l’ancien, de l’ère qui vient de s’achever et s’amusent des fantômes errant sans but dans un lieu abandonné.