The Lighthouse a été une expérience notable. J’ai été particulièrement content d’avoir la bonne idée de relancer ce film dont j’avais déjà abandonné le visionnage. Je l’ai regardé sur mon PC, en streaming de qualité plutôt médiocre. J’y reviendrai.

La force de ce film réside dans la bulle dans laquelle il nous plonge : la qualité du décor (au singulier au vu de la cohérence de ceux-ci), la mise en lumière, le cadre et la texture et au fond le charme avec lequel le tout est agencé. La mise en lumière est excellemment menée, si bien que les contrastes des scènes intérieures répondent avec brio aux gradients de l’île embrumée.

J’ai cependant noté l’encodage pitoyable grâce auquel j’ai pu apprécier ce film. Très dommage au vu de l’opportunité que représente un film en noir et blanc, mais sûrement est-ce trop demander à fmovies d’être animé par la passion compression dont fitgirl repack nous gracie.

La routine du gardiennage de phare et les premiers échanges convainquent de suite, portées par la qualité du dialogue, de la photographie et évidemment le jeu d’acteurs des deux passionnant hollywoodiens. La qualité du son est aussi notable, et bien que la musique ne soit pas exactement l’enveloppe qu’elle pourrait être, l’attention aux bruitages est évidente et ceux-ci prennent une dimension qu’ils n’ont habituellement pas.

Le montage bénéficie aussi d’une attention au son, et son rythme répond clairement à la montée en folie des deux (?) personnages. La curiosité maladive de l’un et la rigueur marine de l’autre, rythmés par l’apparition de symboliques que d’aucuns ont qualifiés de prométhéennes. Je me suis pour ma part arrêté au folklore maritime, voyant assez difficilement la dynamique d’autorité calquable sur une critique du statu quo capitaliste. Quoiqu’il en soit, les symboles, la lumière, la sirène, l’oiseau se succèdent pour ne laisser que la solitude d’un homme (Pattinson) et ponctuellement de deux hommes. La solitude masculine, bien qu’elle soit déjà traitée, n’est ici pas rebutante et son long glissement vers la violence, plutôt que la folie, m’est parue remarquablement contemporaine.



N’étant pas particulièrement familier avec l’univers cinématographique de la folie, et n’étant pas non plus particulièrement attiré par celui-ci, je me passerai de commentaire technique sur le mode opératoire de l’apparition de celle-ci. La promiscuité des deux personnages et leurs apprentissages mutuels et inversement proportionnelle à la destruction et au délitement de leur environnement. J’ai regretté que, de ce fait, la photographie en pâtit et que l’image se dégrade en parallèle. Il est cependant évident que c’était la direction à prendre.

Le rythme du film est resté excellent. Paradoxalement, l’image garde une distance à la fin qu’elle ne paraissait pas avoir au début, et le dénouement (s’il en est un) parait logique, presque anodin.
